La Commissaire Divisionnaire de Police Assitan Traoré, Une dame au secours des survivantes des violences basées sur le genre.

Juriste de formation et auditrice en genre et développement., Compol Assitan Traoré œuvre à mettre ses connaissances au service de sa communauté.

En 2014, la police nationale du Mali a créé une ligne verte afin de secourir les victimes des cas de violences basées sur le genre. Mais ce n’est qu’en 2018 que la police nationale se dotera d’un centre de prise en charge de des victimes.

L’initiative tire sa genèse du Rwanda. En effet, lors d’une visite d’étude à laquelle participe la Compol Assitan Traoré et d’autres personnes. C’est en se rendant au One stop center de Luanda, que va naître en eux l’idée de créer un centre typique au Mali afin de venir en aide aux victimes et permettre leurs prises en charge. Juste après cette visite, la hiérarchie policière a été informée de la volonté de créer un tel centre. 

C’est à ainsi qu’en Avril 2018, le Centre Djiguiya de la police a vu le jour pour accompagner les survivantes des violences basées sur le genre à travers les différentes assistances.

Ce centre à la différence de la ligne verte, a évolué en multipliant ces services, qui sont entre autres l’accueil, la prise en charge, l’assistance et l’autonomisation économique des victimes.

Aujourd’hui ce centre est géré par la commissaire en tant que responsable, et est dénommé en bambara Djiguiya (espoir) One stop center.

Selon la responsable du centre, L’objectif derrière, est de faire une prévention tertiaire « Vous savez, aujourd’hui, la prévention en matière de violence basée sur le genre a montré ses limites malgré les sensibilisations. Malgré les formations, nous avons constaté que les violences basées sur le genre sont en train de prendre de l’ampleur et malgré la protection, le flou existe. Donc nous nous sommes dit qu’il faut une prévention tertiaire, c’est ça l’accompagnement des survivantes de violences basées sur le genre, Ça consiste à assurer leur prise en charge économique, leur prise en charge médicale, la prise juridique et judiciaire, la pure sécuritaire. Cela leur permet d’être réinsérées dans la société et à travers les prises en charge économiques, c’est à dire on autonomise les femmes parce que généralement, nous avons constaté que le manque d’autonomisation, est un facteur aggravant des violences domestiques, donc c’est tout ça qui est derrière la mission du centre, c’est faciliter la réinsertion socio-économique des survivantes des violences basées sur le genre. »

De 2018 à nos jours, le centre a réalisé des prouesses. En effet, depuis la mise en place du centre, les réalisations sont multiples.

 Aux dires de la responsable : « nous avons constaté qu’il faut des unités d’accompagnement pour les survivants et partant de ce constat, il y a une autre direction qui a nommé les points Focaux aujourd’hui au niveau de tous les commissariats de la police, il y a les points focaux présents, pour accueillir et orienter les survivantes au niveau du centre. Et à la suite de cette création aussi, aujourd’hui, on a pu assurer la prise en charge de plus de 100 (cent) survivantes des violences basées sur le genre. Et on a aussi assuré leurs réinsertions économiques à travers les activités génératrices de revenus telles que la Saponification. Aujourd’hui, à notre niveau, on a 4 femmes qui arrivent à produire leur propre savon et en leur nom. On a pu former aussi des femmes dans la transformation agroalimentaire. Donc, où je peux dire aujourd’hui qu’il y a des femmes qui ont été autonomisées, qui sont autonomes et il y a des femmes aujourd’hui qui se sont réconciliées avec leurs familles parce que dans notre assistance en fait, la médiation entre la femme qui vient nous voir et ses parents, ou encore entre la femme et son époux. Aujourd’hui, dans notre actif, on a 35 femmes qui ont été réinsérées de façon sociale, à travers les démarches qu’on mène auprès de leurs familles mais aussi auprès de la Communauté pour réinsérer socialement ces femmes-là. »

La responsable du Centre Djiguiya n’a pas manqué de faire savoir ses plus grands chocs pendant son service de prise en charge des victimes. Elle eut à les évoquer en ces termes : « Parmi les violences, on reçoit toute catégorie de violences ici, mais la violence qui m’a choqué la plus, c’est la violence sexuelle. Précisément les viols sur les mineurs, qu’on appelle la pédophilie, parce que on a recensé des cas ici dans lesquels il y a les filles de 14 ans qui ont été violées par les hommes de 38 ans et malheureusement, il y a les grossesses indésirées qui se sont suivies suite à ces viols. C’est des cas qui ont été pathétiques. Jusqu’à présent, souvent si je m’en rappelle, ça me donne la chair de poule. Il y’a aussi des cas de violences physiques qui m’ont beaucoup laissé des Bleues tel que on a pu constater un cas ici dans lequel, l’homme a donné des coups et blessures à l’œil gauche de sa femme et malheureusement la femme a perdu son œil. Donc entre autres. Voilà, c’est 2 violences, les violences physiques et les violences sexuelles, précisément la pédophilie qui m’ont beaucoup touché dans l’exercice de ma fonction. »

C’est à partir de ces cas choquants, que la commissaire a tenu à faire remarquer aux autorités de prendre des décisions courageuses en votant une loi spécifique en faveur de la protection des droits de la femme spécifiquement sur les violences basées sur le genre au Mali.

Et tient à encourager les femmes à lutter encore pour faire valoir leur droit et invitera par la suite ces personnes qui s’adonnent à ces types de violences de les rejoindre dans cette lutte afin qu’un monde juste et équitable puisse exister entre Hommes et femmes.

Djibril Konoba Keita

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