Analyse sur la situation des droits de la femme et de la Jeune fille: Maimouna Dioncounda Dembélé

Spécialiste en égalité entre les hommes et les femmes et en violences basées sur le genre.

L’actuelle directrice pays de CECI-Mali, a commencé à militer à l’âge de 14 ans, à la suite d’une action inattendue survenue dans son établissement, qui pour elle était injuste. Il s’agissait d’une camarde de sa classe qui a été donnée en mariage sur fond d’abus sexuel. À l’époque considéré comme tabou dans notre société. C’est à partir de là qu’elle commença à travailler avec des organisations de défense de droits de l’Homme et à militer pour les droits des femmes en particulier. Elle constatera que les violences basées sur le genre étaient une forme de violation des droits humains mais aussi la plus répandue. C’est ainsi qu’elle s’est donnée pour mission de défendre les droits des femmes, à la base l’objectif était que les droits des femmes soient considérés comme des droits humains. Au fur et à mesure elle s’est spécialisée sur la question. Aujourd’hui cette protection demeure pour elle, un combat personnel, une conviction personnelle et aussi son travail.

La directrice pays du Centre d’études et de coopération internationale (CECI), une organisation internationale présente au Mali depuis 1984 dans le domaine de l’humanitaire et du développement estime que les questions liées aux droits des femmes au Mali a eu des avancées remarquables.

De nos jours des femmes se réclament féministes, et parviennent à s’exprimer sur la question et à revendiquer ces droits.  Tout cela a été possible grâce aux combats des aînés qui ont su faire accepter la colère du peuple qui n’avait pas compris toutes ces questions des droits des femmes. Les médias sociaux ont joué un rôle majeur, et ont été une grande opportunité car ont permis de se prononcer sur certains sujets qui sont assez difficiles et complexes à aborder. L’autre chose c’est de pouvoir parler avec des cibles qui auparavant étaient difficiles, notamment des leaders communautaires, traditionnels et religieux. Aujourd’hui, il y’a ce discours franc, ces échanges là pour que dorénavant la question des droits des femmes ne soit plus considérée comme un cadeau que les femmes demandent, comme des privilèges mais reconnus comme des droits que l’État du Mali doit protéger.

Call To Action

 Toutefois malgré ces avancées, il y’a de plus en plus de difficultés à aborder les droits des femmes surtout au niveau institutionnel.

Aujourd’hui la législation malienne est lacunaire et un vide juridique entoure toute cette question. Cependant, il est nécessaire, urgent et même crucial que l’État du Mali réponde à ça pour légiférer en la matière. En permettant aux organisations intervenantes sur la question, aussi aux femmes et aux filles de pouvoir se prévaloir de certains droits humains au Mali.

Parce que le Mali a pris des engagements au niveau international et régional, au travers de plusieurs d’instruments juridiques ratifiés par le Mali. Si ces textes pouvaient être en application directe ce serait l’idéal. Malheureusement, le besoin est d’adapter les textes nationaux à ces engagements internationaux comme stipuler par la constitution.

On peut donc considérer qu’il existe un manque de courage politique. L’obligation pour le Mali est de protéger tous les droits humains alors ainsi revoir notre arsenal juridique, corriger le vide et les dispositions discriminatoires afin de permettre aux femmes un mécanisme au niveau national permettant l’application de toutes ces lois.

Il a un travail énorme à faire, certains diront qu’il faut l’adhésion des religieux ce qui est une bonne stratégie, d’autres diront qu’il faut une compréhension des textes par le malien lambda c’est aussi excellent.  Pour accompagner tout cela, il faut vraiment un courage politique pour protéger ces femmes et filles.

Un véritable problème reste à résoudre également parce que malheureusement, il y’a une faible compréhension ou connaissance de ces droits par les femmes et les filles elles-mêmes. Et cela est dû au taux très élevé d’analphabétisation, de déscolarisation des filles qui le plus souvent sont données en mariage précoce ou forcé. Aussi, les femmes et les filles ne reçoivent pas les renforcements nécessaires de capacités et les formations qu’il faut pour leur autonomisation.

Les compétences de vie qui leur faut pour pouvoir s’épanouir, connaître les services sociaux de bases. Par ailleurs, même les femmes qui ont reçu une éducation formelle, scolarisées méconnaissent souvent leurs droits.

Alors c’est en organisant les activités de sensibilisation afin qu’elles puissent en bénéficier et savoir qu’elles vivent dans un système qui tient compte de leurs besoins. Mais derrière tout, même celle qui ont bénéficié de ces formations et renforcement ont ce sentiment de rester inerte face aux violations de leur droit par peur d’être stigmatisées parce que la société impose que le linge sale se lave en famille. Ainsi pour elle, aller vers l’État ou vers des services d’aides est considéré comme une exposition publique de leur famille ou leur vie de couple. Alors que cela doit pouvoir échapper au contrôle de l’État, cette stigmatisation freine tout.

De part ces constats, l’état doit savoir que les revendications des droits des femmes et de la jeune fille ne sont pas une activité tendance mais un besoin énorme. Et les pays tels que le Mali qui traverse une crise multidimensionnelle expérimente des formes de violences faites aux femmes et aux filles qui sont atroces et horribles. Et dans les activités de redressement et de reconstruction post-conflit, il serait judicieux que tous les maliens et maliennes embarquent tous ensemble pour protéger tout le monde et donc cette loi est de la responsabilité de l’état.

Aux filles et femmes, il est souvent difficile se de faire comprendre par les autres, les messages et le combat qu’elles mènent et qu’elle qu’en soit la situation doivent savoir qu’elles ne sont pas seules. Qu’elles sont avec les hommes qui ont compris que c’est un besoin de défendre les femmes et les filles. Nous restons convaincus qu’ensemble nous parviendrons à bout de ces violences pour une autonomisation et une émancipation certaine de toutes les femmes et les filles au Mali.

Djibril Konoba KEITA

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